Le plan de réduction des émissions fait l'impasse sur les vélos.

Le 29 mars 2022, le gouvernement du Canada a publié son Plan de réduction des émissions (PRE) 2030 pour atteindre l'objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Avec seulement 8 ans pour atteindre cet objectif, le PRE ne laisse pas beaucoup de temps, ou de marge de manœuvre, pour réaliser des réductions significatives face à une crise climatique qui est ici, aujourd'hui.

Le PRE est un plan de grande envergure, qui met l'accent sur les deux principaux secteurs d'émissions de GES au Canada : le secteur pétrolier et gazier et le transport. Au total, ces deux secteurs contribuent à plus de 50 % des émissions du Canada.

Ce sont également les deux secteurs de notre économie qui ont le moins progressé au cours des 15 dernières années, voire pas du tout. Si le secteur de l'électricité a fait de grands progrès en matière de décarbonisation, l'augmentation des émissions provenant du pétrole, du gaz et des transports a annulé ces progrès.

À juste titre, le Plan de réduction des émissions 2030 met l'accent sur ces deux principaux facteurs d'émissions du Canada. Si nous ne nous attaquons pas à notre dépendance directe à l'égard des combustibles fossiles, en particulier pour le transport, nous ne ferons pas de réels progrès vers la réalisation de nos engagements en matière de réduction des GES.

La prise de conscience de la menace existentielle que représente le changement climatique s'est accompagnée d'une prise de conscience du fait que nos modèles actuels de développement urbain sont aussi fondamentalement non durables. La dépendance inhérente à l'automobile en est la clé. La dépendance à l'égard du véhicule personnel est responsable de 47 % des émissions dans le secteur des transports. Et la part du gâteau des GES représentée par les camions légers et les VLT augmente plus que les autres parts.

S'il est important de se concentrer sur les émissions d'échappement des véhicules personnels, le plan de réduction des émissions 2030 met tous ses œufs dans le même panier, à savoir l'électrification de ces véhicules personnels. Le PRE prévoit 2,6 milliards de dollars pour inciter et soutenir les véhicules à émission zéro, ZEV, qui sont strictement définis comme une automobile.

Le Fonds pour les transports actifs (FTA) vient de clôturer sa première période d'admission. Le FTA a pour but d'augmenter les infrastructures pour le vélo et la marche à travers le Canada. Mais il ne prévoit aucun financement au-delà des 400 millions de dollars déjà annoncés l'année dernière. Les vélos et les vélos électriques sont la quintessence des véhicules à zéro émission et pourtant ils sont à peine mentionnés dans le PRE.

Les vélos électriques sont encore en phase d'adoption précoce, mais la recherche commence à montrer qu'ils sont efficaces pour réduire et éliminer les déplacements en voiture (1). Non seulement les vélos électriques remplacent jusqu'à 25 % des déplacements en voiture et réduisent les distances parcourues en voiture de 37 % (2), mais ils élargissent également la diversité des cyclistes. En d'autres termes, les vélos électriques rendent le cyclisme accessible à un plus grand nombre de personnes.

L'ERP vante les programmes de rabais réussis d'autres juridictions comme la Nouvelle-Écosse et le Yukon, mais ne propose pas son propre programme de rabais. Le prix est l'un des principaux obstacles à l'adoption des bicyclettes électriques. Alors qu'une remise de 5 000 $ pour une voiture électrique de 50 000 $ permet de mettre sur la route une autre voiture de 45 000 $, une remise de 5 000 $ pour une bicyclette électrique permet de mettre sur la route une voiture de moins.

Le plan de réduction des émissions doit voir plus grand. Il doit s'agir d'un plan visant non seulement à réduire les émissions directes, mais aussi à guider le Canada et ses municipalités vers un avenir durable. Dans les communautés dépendantes de l'automobile, ce qui est le cas de la quasi-totalité des villes canadiennes, dépenser des milliards de dollars pour des voitures électriques n'en fait pas moins une communauté dépendante de l'automobile.

En matière de transport, nous avons besoin d'un plan qui place le changement de mode au centre de ses préoccupations. Le Canada doit s'éloigner de la dépendance à l'égard de la voiture et favoriser le vélo, la marche et le transport en commun pour tous. Nous devons nous concentrer sur le remplacement des voitures par d'autres modes de transport plutôt que de simplement remplacer le moteur de la voiture. Nous avons besoin d'un plan axé sur l'humain et centré sur l'humain, un plan qui soutient les communautés pour les gens.

Si le plan de réduction des émissions à l'horizon 2030 a suscité de nombreuses réactions en raison de ses objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il n'est pas à la hauteur lorsqu'il s'agit de soutenir la question plus large de la durabilité et de l'habitabilité de nos communautés.

Le plan de réduction des émissions pour 2030

(1) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7456196/

(2) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1361920920308336

Partager cet article

Partager sur facebook
Facebook
Partager sur Twitter
Twitter
Partager sur linkedin
Linkedin
Partager sur le courrier électronique
Courriel :

Postes connexes

Un regard sur le budget 2022

Le cyclisme et l'AT sont-ils " One and Done " ? Le 7 avril dernier, le budget 2022 a été dévoilé, le premier budget non préélectoral et non pandémique depuis 2018. En d'autres termes, un

Lire plus "

Plus que des pistes cyclables

L'infrastructure cyclable ne se limite pas aux pistes cyclables. Le Fonds fédéral pour le transport actif devrait déclencher une multitude de projets partout au Canada. La demande refoulée de

Lire plus "
Skip to content